La Sorcellerie by Unknown

La Sorcellerie by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-08-09T00:00:00+00:00


XVII.

Ensorcellements des sorciers par eux-mêmes. — Métamorphoses des hommes en bêtes. — De la lycanthropie. — La patte du loup et la main de la châtelaine. — Anecdotes diverses. — La caverne de Lucken-Have. — La sorcière volante.

Les divers enchantements dont nous venons de parler, quelque absurdes qu’ils soient, ont du moins leurs motifs dans les sentiments ou les passions. On conçoit en effet que l’homme désire ardemment connaître l’avenir ; qu’il recherche la vengeance, l’amour ou l’amitié, qu’il veuille asservir les éléments à sa puissance, et qu’il tente même de créer des êtres vivants, en dehors des lois ordinaires de la reproduction des races. Il y a là tout à la fois, de sa part, un effort de son orgueil et une lutte désespérée contre sa propre faiblesse. Mais ce qui se conçoit plus difficilement, c’est qu’il soit venu à l’idée des hommes de se changer eux-mêmes en animaux malfaisants, comme cela se pratiquait dans la lycanthropie, ou métamorphose de l’homme en loup.

L’antiquité, comme le moyen âge, a cru avec une bonne foi singulière à cette étrange transformation. Hérodote en parle comme d’un fait avéré ; Virgile en parle également, et dans sa huitième églogue, il fait dire à Alphésibée : « J’ai vu Moeris se faire loup et s’enfoncer dans les bois. » Au moyen âge, on vit les lycanthropes, devenus loups-garous, jeter l’épouvante dans les villes et dans les campagnes. Les sorciers opéraient cette métamorphose sur leurs ennemis, mais le plus souvent, ils l’opéraient sur eux-mêmes, et sous cette forme nouvelle ils attaquaient, non-seulement les troupeaux, mais encore les hommes, dont ils dévoraient la chair saignante ; ils pouvaient toujours, quand ils le voulaient, reprendre leur première forme, mais quand, par hasard, ils avaient reçu en se trouvant à l’état de loup, une blessure qui les avait privés d’un membre, ils gardaient, en redevenant hommes, l’empreinte de cette mutilation, et c’est par là que l’on parvenait souvent à les reconnaître. L’un des démonographes les plus entêtés du XVIe siècle, Boguet, raconte que, dans les montagnes de l’Auvergne, un chasseur fut un jour attaqué par un loup énorme, auquel, en se défendant, il coupa la patte droite. L’animal ainsi mutilé s’enfuit en boitant sur trois pattes, et le chasseur se rendit dans un château voisin pour demander l’hospitalité au gentilhomme qui l’habitait ; celui-ci, en l’apercevant, s’enquit s’il avait fait bonne chasse. Pour répondre à cette question, il voulut tirer de sa gibecière la patte qu’il venait de couper au loup qui l’avait attaqué, mais quelle ne fut point sa surprise, en trouvant au lieu d’une patte, une main et à l’un des doigts un anneau que le gentilhomme reconnut pour être celui de sa femme. Il se rendit immédiatement auprès d’elle, et la trouva blessée et cachant son avant-bras droit. Ce bras n’avait plus de main, on y rajusta celle que le chasseur avait rapportée, et force fut à cette malheureuse d’avouer que c’était bien elle qui, sous la forme d’un loup, avait attaqué le chasseur dans la plaine, et s’était sauvée ensuite en laissant une patte sur le champ de bataille.



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